Classé bien culturel en 1983, le Moulin banal de Pointe-Claire est l’un des vestiges de la colonisation des rives de l’île de Montréal. Icône emblématique de Pointe-Claire, il fait figure de proue au sein du patrimoine de la Ville, avec notamment la Croix des Missions, qui se trouve à son emplacement actuel depuis 1900.
Le moulin est construit en 1709 sur une terre appartenant aux Sulpiciens, alors seigneurs de l’île. Ceux-ci le louent au meunier contre une rente annuelle. En 1837, Amable Saint-Julien, cultivateur de Rigaud, rachète le moulin et la rente foncière de la pointe, les libérant ainsi de toute redevance seigneuriale. Par la suite, le moulin change de propriétaires à maintes reprises avant d’être cédé aux Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame en 1866, à la suite d’un échange de terrains avec la fabrique paroissiale.
Sous ses parois en maçonnerie de moellons de pierres d’une épaisseur de 1,30 mètre, le moulin renferme à l’époque un mécanisme complexe monté sur un chemin dormant qui permet d’orienter les ailes face au vent. Le moulin banal de Pointe-Claire tire son nom du droit de banalité du seigneur, droit qui repose sur l’obligation de construire un moulin accessible aux censitaires contre un droit de mouture. Ses dimensions sont de 7,80 mètres de hauteur sur 3,90 mètres de diamètre.
Conçu pour répondre aux besoins des censitaires au 17e siècle, le moulin n’atteint toutefois pas les quotas fixés. Il sert ensuite de tour de garde dans la protection de la seigneurie face aux Iroquois et de station de pompage pour l’aqueduc privé alimentant le couvent des Sœurs. Au cours des années 1950 et 1960, le moulin entre dans une phase de travaux de restauration importants qui visent à lui redonner son lustre d’antan. En 1967, à l’occasion du centenaire du couvent adjacent, l’architecte Marc Angers conçoit de nouvelles ailes inspirées des moulins de Verchères et de l’Isle-aux-Coudres. Bien que n’abritant plus le mécanisme d’origine, le moulin conserve son aspect emblématique d’autrefois.
Le Québec ne compte plus qu’une vingtaine de moulins à vent. La rareté et l’ancienneté du moulin banal de Pointe-Claire, et sa place dans l’histoire de l’ouest de l’île de Montréal, contribuent à sa valeur dans le patrimoine de la région.